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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 14:24
Salut à tous,

Ceux qui me connaissent savent que je suis entièrement dévoué à la pêche à la mouche, mais que ce qui m'anime encore plus, c'est la connaissance et gestion des milieux aquatiques dans tous leurs aspects.
Voila pourquoi j'ai pour projet de créer une base de données scientifique et approfondie, regroupant ces connaissances ; une sorte d'encyclopédie des zones humides.

L'intérêt sera de donner un aperçu global des milieux aquatiques et de tous leurs aspects à quiconque souhaitera s'informer. Il ne s'agira en aucun cas d'un site "officiel", mais simplement d'une base de données gratuite qui je l'espère pourra servir aux gestionnaires associatifs, aux pêcheurs, aux passionnés, aux particuliers, etc...

La base de donnée regroupera différents aspects généraux, et notamment :

- Typologie des cours d'eau
- Fonctionnement et dynamique des cours d'eau
- Biologie, écologie et physiologie des espèces d'eau douce
               * poissons, invertébrés, oiseaux, mammifères
               * plantes aquatiques, essences rivulaires
- Pollutions physiques
- Pollutions physico-chimiques
- Pollutions biologiques
- Méthodes d'analyse de l'eau
- Droit de l'environnement : loi sur l'eau, législation sur la pêche, etc...
- Acteurs de la gestion de l'eau
- Actualité de la gestion de l'eau en France

Chacune des parties sera développée et approfondie au maximum. Cela prendra beaucoup de temps, mais c'est un projet auquel je tiens réellement.

D'ici un mois environ, je mettrais en ligne les premières pages de cette base de données, mais je réfléchie encore à la forme : plutôt une sorte de blog? un site? insérer un forum? A voir encore, mais si vous avez des suggestions, je prends !

A+
Mathieu
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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 12:46

Dans un premier temps, je vous propose de ne nous intéresser qu'à la population de Truites farios Salmo trutta fario. Une fois celle-ci terminée, nous verrons si le nokill impacte aussi sur les populations annexes (Chabots Cottus gobio, Varions Phoxinus phoxinus, Lamproies de planer Lampetra planeri et Chevesnes Leuciscus cephalus).


Nous disposons donc des données de deux pêches électriques réalisées en mai 2008 par l’AAPPMA de Granges sur Vologne.

Une pêche a été réalisée sur le parcours « normal » et l’autre sur le parcours « nokill » le même jour par les mêmes pêcheurs.

Dans les deux cas, la surface de prospection est de 850m2

A noter cependant un disfonctionnement de l’anode lors de la pêche sur le parcours « nokill » qui a pu compromettre les relevés.


Données générales (ne prend pas en compte les individus 0+ nés en hiver 2007/2008) :


Parcours normal : 93 individus capturés

Parcours nokill : 75 individus capturés (mais l’anode était cassée avant la fin de la pêche)


Le graphique suivant représente les données superposées des deux pêches pour l’espèce Truite fario (effectif en fonction de la taille).




Croissance des truites :

La première observation permet d’affirmer que la croissance est différente sur les deux parcours (les cohortes ne sont pas superposées). On remarque aussi que l’écart de taille entre deux mêmes cohortes (mais issues d’un parcours différent) augmente avec l’âge des truites. Cette différence est certainement due à la disparité morphologique des deux parcours.

Le parcours « normal » est situé sur la partie aval du tronçon de l’AAPPMA alors que le nokill est en amont. La largeur moyenne et la profondeur sont supérieures sur le parcours normal que sur le nokill (8m/55cm contre 6m/35cm). De ce fait, le parcours normal satisferait plus à la croissance que le parcours nokill.


Pyramide des ages :

Pour les deux relevés, on compte trois cohortes bien définies et au moins une quatrième (mais non quantifiable graphiquement).

Cependant, il est à noter une différence importante entre les deux relevés.

Sur le parcours normal, l’effectif de la cohorte 3+ est très inférieur à celui des cohortes 2+ et 1+ (1+ = 30 ; 2+ = 43 et 3+ = 14)

A l’inverse, sur le parcours nokill, les effectifs continuent d’augmenter entre 2+ et 3+ (1+ = 16 ; 2+ = 20 et 3+ = 26)


Voici un graphique permettant d'illustrer cette observation :


Les causes de ce décrochage sont facilement identifiables.

La taille minimale de capture sur le parcours normal est de 25cm. Or, la tailles des individus de la cohorte 3+ sont intégralement supérieures à 25cm ; Ces truites sont donc soumises à la pression de pêche et une partie a été prélevée (entre l’ouverture 2008 et la date de la pêche électrique, mais aussi à la fin de la saison de pêche 2007). On note aussi qu’une partie des truites 2+ sont aussi soumises à la pression de pêche (celles dont la croissance est la plus rapide)

D’autre part, sur le parcours nokill, non seulement les truites de 3+ n’ont pas encore toutes atteint 25cm, mais en plus, celles qui l’ont dépassée ne sont pas soumises à la pression de pêche.


Il en résulte que sur le parcours nokill, la cohorte 3+ représente 35% de la population alors que sur le parcours normal elle ne représente que 15%

L’importance de l’écart est amplifiée par le fait que les truites 3+ sont sexuellement matures et composent donc le pool de géniteurs du tronçon. (maturité à 2+ pour les femelles, d’après Baglinière et al, 1987)



Des questions pour les années à venir :

1) Va t'on voir apparaitre une nouvelle classe d'age structurée sur le nokill ? (les 4+)

2) Les effectifs (toute cohortes confondues) vont ils continuer de croitre?

3) La structure de la pyramide des ages va t'elle changer? dans quel sens?

4) L'augmentation du nombre de grandes truites va t'elle faire croitre la prédation sur les truites juvéniles?

5) Le nokill représente 1/3 du parcours total de l'AAPPMA : l'augmentation des effectifs dans le nokill va t'elle conduire à des migrations qui permettront de faire augmenter les effectifs sur le reste du parcours?


Vivement les prochaines pêche au mois de mai 2009 pour répondre à toutes ces attentes !

ROMAIN Mathieu
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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 10:45

Salut,


On repart sur le sujet de l'impact du nokill.


Je pensais vous faire tout un spitch sur la Vologne (Morphologie, géologie/morphologie, hydrologie, gestion) mais raccourcir le tout n'aurait pas d'intérêt donc d'ici peu, je vous proposerai (en téléchargement), l'intégralité de mon étude sur le parcours de l'AAPPMA (40 pages + annexes)


Quelques informations sont tout de même nécessaires pour comprendre la suite de l’analyse :


La Vologne est un cours d'eau vosgien (appartient au bassin versant de la haute Moselle et plus largement au bassin hydrographique Rhin-Meuse), long de 50km et qui coule sur des roches cristalines en tête de bassin (50% amont) puis sur des grès (le pH de l’eau est légèrement basique). Le débit à la confluence avec la Moselle est de 10m3/s (régime pluvio-nival avec influence de 3 lacs glaciaires en amont du bassin). La pente moyenne est de 1,76% (mais elle est plus marquée sur la partie cristaline du bassin, jusqu'à 4%)


Le parcours de l'AAPPMA de Granges sur Vologne (long de 7km) se situe dans le métarhithral (zone à truites) et est caractérisé par un ordre de drainage 3 (sur carte au 1/25000)

La largeur moyenne de la Vologne sur le tronçon est d’environ 7 mètres, pour une profondeur de 45cm. Le débit inter-annuel moyen, calculé entre 1969 et 2001 à Granges sur Vologne est de 4,3m3/s.

Le parcours nokill est long de 2,5 km et existe depuis mars 2007 (voté en AG 2006).


Voilà donc pour les présentations. A noter encore que l'AAPPMA n'effectue plus aucun alevinage de truites farios depuis 1996.

Venons en à des informations importantes sur la qualité de l'eau et la qualité biologique du tronçon. (je ne mets ici que ce qui est liée aux exigences de l’espèce Salmo trutta fario)


En élaborant le SEQ eau de l'année 2006 (plus de données ensuite), j'ai déterminé que l’aptitude à la biologie est bonne (verte). Cela signifie que certains taxons très polluosensibles (ex : Perlidae) ne trouvent pas un habitat favorable sur ce tronçon de la Vologne, mais qu’on y rencontrera cependant d’autres taxons moins exigeants (Salmonidae, Baetidae, Ephemerellidae, etc…), comme l’atteste mon diagnostic de la qualité biologique.

(Mais mes données ne font pas référence à la présence ou non de micro-polluants)

A noter que l’altération déterminante est la minéralisation. Malgré une conductivité très bonne en 2006, l’altération qui prend en compte d’autres paramètres supplémentaires (le TAC, la dureté, les teneurs en Sodium, Calcium, Chlorure, Sulfate et Magnésium) donne une qualité d’eau moyenne (jaune). Le SEQ Eau de 2006 fait donc état d’une qualité globale de l’eau moyenne (jaune).

D’autre part, les concentrations d’ions Ammoniums sont en augmentation depuis 2003 et accentuent le phénomène d’eutrophisation. Les concentrations azotées de l’eau profitent donc à la prolifération algale et au colmatage du substrat (facteur limitant pour la reproduction des salmonidés). Mais actuellement, il n’existe pas de risque de toxicité lié à l’ammoniac (relation du couple ammonium/ammoniac et pH).

Concernant la morphologie du tronçon, il ressort que la présence de seuils artificiels et naturels limitent considérablement (rupture totale de la continuité écologique) l’accès aux frayères et les migrations piscicoles (altération morphologique principale)


Enfin, il est à noter que l'effectif de la population de truites farios stagne au seuil minimal viable depuis 2003 (soit environ 9,5 individus pour 100m2)


Passons maintenant à l'étude des comptes rendus de pêche électriques !

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 19:52
Salut à tous,

L'AAPPMA de Granges sur Vologne propose un parcours nokill de 2,5km (soit plus d'un tiers du tronçon de la Vologne dont elle gère le droit de pêche).
Mais elle fait encore plus que ça : pour évaluer les bienfaits (ou autres impacts) du nokill, elle a mis en place un système de suivi de la population piscicole.

Je vous propose mon analyse des pêches électriques réalisées cette année :
- une sur le nokill
- une sur le parcours dit "normal"

(Evidemment, à chaque fois réalisées sur une surface identique, soit 850 et 900m2)

Sans plus attendre, voilà le graphique que je trouve le plus parlant :


Je vous laisse avec ça et (comme je suis en vacances demain soir), je vous livrerai mon analyse d'ici mercredi.

A noter quand même un résultat intéressant : dans le nokill 34% des poissons dépassent la maille, contre 26% sur le parcours normal... à méditer surtout que le nokill a démarré en 2007 !
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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 17:17
Salut à tous,

Voici trois ans que j'ai commencé à m'investir dans la vie de cette AAPPMA avec Jérome. Depuis, nous avons réussi à augmenter la taille du parcours nokill, qui atteint maintenant 2,5km (soit plus d'un tier du parcours de l'asso) et Jérôme assure la police de la pêche en tant que garde particulier. De plus, j'ai réalisé un diagnostic complet du parcours en 2007 qui permet d'avoir une représentation scientifique de la rivière et de pouvoir y baser notre gestion piscicole.

Il aurait été stupide de s'arrêter là et par conséquent, j'ai porté ma candidature pour l'élection du nouveau bureau de l'association.

Vendredi soir à 20H, nous nous sommes donc tous donnés RDV à Granges sur Vologne pour l'AG extraordinaire, en vue des élections.
A noter une participation reccord (17 personnes...) alors que l'asso compte près d'une centaine de membres.... Mais bon on a l'habitude de ça et d'un certain côté, c'est tant mieux.

A l'issu de cette AG, l'ancien bureau (à l'exception de deux personnes) est réélu et compte désormais 2 nouveaux membre... dont moi :)

Les 5 prochaines années vont donc je l'espère, être riches en nouveautés ! Mais vous en saurez un peu plus d'ici quelques temps ;-)

A+
Mathieu
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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 17:29
Salut,

On parle de plus en plus de baisser les mailles pour que la pression de pêche soit plus centrée sur les juvéniles qui sont plus nombreux que les adultes et subissent une selection naturelle plus importante...
Mais cette théorie ne semble basée que sur des effectifs numériques, mais absolument pas sur la structure génétique des populations.

Voici un raisonnement que j'aimerai partager avec vous.

Il est admis que la croissance des individus de truites fario (puisqu'il s'agit ici de cette espèce) est variable et dépend (si l'on généralise) de l'accès à la ressource alimentaire (qui dépend elle-même entre autre, de l'accès à la ressource spatiale) et de la génétique.
De plus, la génétique peut elle même déterminer l'accès à la ressource (un poisson initialement plus "fort" y accèdera plus rapidement, par exemple grâce à sa taille)
Bon on doit tous être ok là dessus... donc certaines truites grandissent vite et d'autre moins vite.
Ensuite, l'âge de maturité est atteint (en très gros) à 2+ pour les femelles et à 1+ pour les mâles (d’après
Baglinière et al, 1987).
Puis, on oubli pas que les individus sont regroupés en cohortes (groupes d'individus nés d'une même reproduction) et qu'il y a une cohorte par an.
De plus, les individus d'une même cohortes possèdent des tailles variables (croissance variable : voir premier point), mais centrées autour d'une taille moyenne de la cohorte.
Enfin, je n'ai pas d'étude qui détermine s'il existe des variabilités de croissance en fonction du sexe (mais on sait qu'il y en a déjà au niveau de l'âge de maturité, donc...), mais si quelqu'un en a, ça m'intéresse fortement! Donc pour mon raisonnement, on décide que ce paramètre n'est pas pris en compte.

Alors allons y !

A tout cela, on rajoute une maille de capture et on émet l'hypothèse que (comme la loi le préconise), elle permet la première reproduction.
Il est clair que seuls les poissons de taille supérieure à cette maille seront capturés (faisons comme si)
Donc NORMALEMENT, cette maille est supérieure ou égale à la taille de la plus grande truite femelle de 2+ ET à la taille du plus grand mâle de 1+ (donc dans la logique, supérieur ou égal à la taille de la plus grande femelle 2+... on ne prendra donc en compte que la cohorte 2+ - mâles et femelles, vu qu'on ne sait pas s'il y a une variabilité de vitesse de croissance entre les deux sexes-)

Mais maintenant, on décide, suite à l'étude américaine, de baisser la maille.
La taille limite est donc maintenant comprise entre la taille des plus petites truites de la cohorte et celle de plus grandes truites de la cohorte.
Certaines truites de la cohorte pourront donc être capturées (les plus grosses). Mais qu'elles sont ces truites les plus grosses? Et bien corrigez moi si je me trompe, mais il s'agit des poissons qui auront eu la croissance la plus forte (puisqu'elle ont exactement le même âge que les plus petites de cette cohorte)
Donc : les poissons les plus favorisés (dominants ou forts, comme vous voulez), sont supposez être capturables (et une partie sera véritablement capturée).

Alors je suis bien d'accord, la compétition dans la cohorte va diminuer... Mais il ne reste quand même que les truites qui ont eu une croissance faible (les moins aptes!)
Et ensuite, puisqu'il ne reste que ces truites là... et bien ce sont elles qui vont se reproduire. Les juvéniles auront donc un patrimoine génétique moins "fort" que ce qu'ils auraient eu s'il avaient été issus des poissons à croissance forte (mais qui ont été prélevés).
A moyen terme, on obtient donc une nouvelle structure génétique dans notre population (les gènes adaptés sont remplacés par des gènes moins adaptés).... et donc on favorise des truites à faible croissance!

Mais... je ne crois pas avoir lu ça dans les études qui pronnent cette baisse de la maille... peut être un simple oubli (rire jaune)

A+
Mathieu
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